Dans l’esprit des cérémonies précédentes, la cérémonie du centenaire de la mort du Grand Rabbin Abraham
Bloch a commencé à Taintrux devant
le monument à sa mémoire :
Sous le soleil vosgien, le Grand Rabbin de France
Haïm Korsia a présidé la cérémonie et a prononcé un discours suivi du sous-préfet
et du président du consistoire israélite de Nancy.
Le Grand Rabbin de France |
Le sous-préfet de Saint-Dié-des-Vosges |
A l’issue de la cérémonie, le Grand
Rabbin de France a invité l’abbé de Saint-Dié-des-Vosges à réciter un Notre
Père pour le soldat à qui Abraham avait porté le crucifix :
L’ambiance était
bien sûr solennelle mais aussi très chaleureuse. La cérémonie s’est poursuivie à l’hôtel de ville de Saint-Dié-des-Vosges où le maire et le Grand Rabbin de France ont échangé des cadeaux après leurs discours :
Avant de dédicacer mon livre, j’ai moi-même honoré la mémoire de mon
arrière-grand-père :
« Si j’ai accepté avec
plaisir de vous dire quelques mots, c’est autant comme arrière-petit-fils
d’Abraham Bloch qu’en tant qu’auteur de sa biographie. Tout d’abord, ma famille
et moi, nous vous sommes reconnaissants d’avoir organisé ces cérémonies et d’y
avoir participé dans la tradition républicaine des trois précédentes. Je vous
rappelle que la première cérémonie eut lieu en 1920 à l’occasion de
l’inauguration de la stèle sur la tombe d’Abraham Bloch au cimetière de
Saint-Dié, la seconde en 1934 pour l’inauguration du monument de Taintrux et la
troisième en 1958 pour réhabiliter ce monument et y réintégrer les insignes en
bronze de la Croix de Guerre et de la Médaille Militaire volés en 1940.
Nous voici maintenant
à cette quatrième cérémonie, un siècle jour pour jour après la mort d’Abraham
Bloch. Avant de devenir un symbole et un mythe, Abraham Bloch était un homme
dont je voudrais vous parler à travers sa vie. C’était un homme qui a tout
d’abord fait preuve d’ambition intellectuelle, quand à 17 ans, il a choisi d’entrer au séminaire
israélite. Ensuite, il a eu l’ambition et le courage, de devenir Grand Rabbin
d’Alger dans un période très troublée. Puis il a démontré son courage et son
dévouement en se portant volontaire pour servir aux Armées comme aumônier à un
âge où il aurait pu y nommer un autre rabbin plus jeune. De plus, tout au long
de la vie d’Abraham, de son enfance à ses derniers instants, tous les
témoignages convergent pour souligner son caractère sympathique, tolérant et
ouvert sur les autres. Enfin, en tant
qu’Alsacien dont la famille avait choisi d’opter pour la France après la guerre
de 1870, il était profondément républicain. Quand on lui connaît ces qualités,
son geste d’apporter un crucifix à un soldat catholique mourant paraît en
accord profond avec sa personnalité.
Tout au cours de sa
vie, Abraham Bloch a toujours gardé dans son cœur les « belles Vosges » comme
il les appelait dans son carnet de guerre. Ces « belles Vosges » qui ont été le
lieu du début et de la fin de sa vie de rabbin puisqu'il y commença sa carrière
à Remiremont en 1883, et y revint pour y être tué à Taintrux le 29 août 1914 il
y a tout juste un siècle.
L’intérêt principal
des commémorations et de celle-ci en particulier me paraît être de bien
connaître le passé pour mieux se tourner vers l’avenir. C’est en ce sens que
l’acte symbolique du Grand Rabbin Abraham Bloch me paraît majeur pour porter le
message de la tolérance religieuse dans la République d’aujourd’hui et de
demain. Afin d’aider à diffuser ce message, nous avons avec l’éditeur de mon
livre, ici présent, préparé une exposition itinérante qui pourra être mise à la
disposition des collectivités et des associations qui le souhaiteront. »